Le p'tit Gavroche

Le p'tit Gavroche

Entre le fromage et le dessert, valse de vaisselle entre Jean-Pierre et Jupiter

Paris, le 12 avril 2018

 

Aujourd'hui, Jupiter sort de sa réserve. Il doit rassurer le peuple ! Et quel meilleur endroit que TF1 pour rassurer le peuple ? A l'heure du déjeuner, face à un Jean-Pierre Pernault gonflé à bloc, le président parle à la France. On s'attendait à une belle interview passe-plats, on a été servis ! Attention, faut s’accrocher…

 

Un décor bucolique, à l’image de l’habituel JT de notre JPP national : L’interview se déroule à Berd’huis, joyeuse petite bourgade du Perche, au sein de son école ultra connectée. On ouvre le journal sur une cour de récré remplie d’enfants, qui rient, jouent, s’amusent… De quoi oublier un peu cette horrible période de grèves, de contestations, et d’échapper quelques temps aux terribles images de manifestants casseurs gavés de merguez !

 

Et de suite, une promesse faite par JPP : « Je poserai au Président les questions que vous vous posez. » Alors, ça, c’est chouette, parce que des questions à lui poser, j’en ai quand même deux ou trois…

 

Le bal ouvre sur la Syrie. Macron nous parle lutte contre le terrorisme, contre le régime de Bachar. Il parle d’aides aux ONG et reconstruction de la Syrie de demain… Et les Kurdes ? Pourquoi il en parle pas ? Merde ! Je pensais qu’il allait répondre à mes questions !? Premier faux pas, Jean-Pierre !

 

S’en suit un petit reportage. Les gens s’expriment sur ce qu’ils pensent de notre Président. Il est jeune, il est sympa, courageux, il fait ce qu’il dit… Et là, patatras, un énervé débarque : « C’est quand même un peu le Président des riches ! ». JPP transpire : « Monsieur le Président, qu’est-ce que vous avez mal fait pour que les gens aient ces impressions ? » Impressions, Jean-Pierre ? Tu ne penses pas que les gens ont plus que des impressions… Certains auraient-ils peut être même des raisons ?

 

L’interview se poursuit, et Manu pose un nouvel acte de foi envers nos concitoyens fortunés : « On lève l’ISF pour réinvestir dans le pays, parce qu’on est patriotes ! » Mais alors, quid du patriotisme lorsque l’on voit tout cet argent qui part à l’étranger en « optimisation fiscale », tous ces exilés, qui se font la malle à l’étranger avec leur magot ? Comment s’assurer que l’allègement d’impôt leur fera retrouver leur âme patriotique ? Pas de réponse… Ou plutôt, pas de question… Deuxième mauvais point, Jean-Pierre ?

 

Après une magnifique métaphore de la parfaite petit société inégalitaire (car oui, dans une cordée, « si on est tous au même niveau, la cordée tombe »), on passe aux cheminots !

 

Ah ! Eh bah voilà ! On les retrouve nos manifestants énervés gavés de saucisses ! Enfin, pas tout à fait. On assiste à un petit reportage bien huilé, bien chiadé, sur des usagers excédés, révoltés contre cette grève « infernale », « inadmissible ». « Ils nous prennent en otage ! » dis l’un, « ils vont nous handicaper », déclare l’autre… Mr Macron compatie ! Par ailleurs, il affirme n’avoir aucun mépris pour les cheminots, et pour cause, son papy en était un, de cheminot !

 

Le Président explique la réforme, essaye de rassurer son auditoire : « Je garantis à 100 % que la SNCF restera publique », nous assure-t-il. Ou encore « les petites lignes vont se développer davantage ». Ah, et avec quel argent ? Celui que les régions n’ont plus ? Troisième mauvais point, Jean-Pierre ! « On ira au bout », s’engage finalement Manu.

 

On passe aux hôpitaux. Le Président s’engage : « On va mettre plus de moyens dans l’hopital ! » Ah, bah voilà, ça, c’est beau ! Je déchante très vite, lorsqu’il embraille sur les EHPAD : « C’est un énorme chantier, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Ce n’est pas juste mettre de l’argent ». Moi qui croyais que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, se foutait de notre gueule avec ses 50 millions d’euros débloqués pour les EHPAD, en fait, non, c’était juste pas la solution, l’argent !

 

Allez, hop ! Au tour des retraités ! Parce que c’est que les retraités, ces derniers temps, ils ont un peu l’impression d’être les dindons de la farce… « Vous expliquez, mais les gens ne comprennent pas ! » s’indigne Jean-Pierre. Ah, ces gens, qu’ils sont cons ! « Vous voyez, nous explique le Président, le facteur retraité qui a environ 1500 € de retraite, il gagne 20 € de moins. Mais j’ai envie de lui dire : Votre voisin, qui vit au minimum vieillesse, qui touche trois fois moins que vous, lui, il aura 30 € de plus. Mais pour ça, personne ne nous remercie ». Ah bah effectivement, expliqué comme ça, moi aussi je comprends. Regarder la misère de son voisin, c’est vrai que c’est la meilleure solution pour être satisfait de ce qu’on a…

 

On arrive aux 45 minutes d’émission, et je perds ma concentration… Surement mon omelette qui me pèse sur l’estomac… Ou l’indigestion provoquée par ce que j’entend… Bref, j’entend parler dette, terrorisme, fracture territoriale, code du travail, mais sans vraiment comprendre…

 

Quand soudain, une déclaration capte mon attention. Alors que JPP axe la discussion sur Notre-Dame-des-Landes et les opérations menées depuis 4 jours dans la ZAD, le Président qualifie les zadistes de « gens qui ne cherchent qu’à créer le trouble » et à « déranger l’ordre public »… Curieux discours, alors que deux jours avant, je voyais des gendarmes dévaster une bergerie… Peut être que l’acte humain de réagir au saccage de son lieu de vie, de ses projets, échappe à Jupiter…

 

Même méthode pour les étudiants mobilisés contre la loi ORE : « Dans beaucoup d’universités occupées, ce ne sont pas des étudiants, mais des agitateurs professionnels. » Dis donc, Manu, tu deviendrais pas insultant, là ? Mais, non, il rectifie de suite le tir, et délivre un conseil à la jeunesse. Ce genre de conseils que vous glisse votre tonton, à Noël, au moment de déboucher la troisième bouteille de rouge : « Si les étudiants veulent avoir leurs examens, il vaut mieux les réviser, car il n’y aura pas d’examens en chocolat dans la République. »

 

Un beau moyen de conclure une interview, par le mépris affiché de tous ceux qui s’opposent à lui… En bon enfant capricieux, Manu méprise ceux qui ne cèdent pas à ses caprices. En bon enfant capricieux, Manu se fabrique lui-même ses ennemis. Et en bon enfant capricieux, Manu finira par se retrouver tout seul, sans plus personne pour jouer avec lui.

 

A.F

 

PS : Comme vous vous en doutez, nous n'avons ni l'objectivité ni la conscience professionnelle des journalistes de TF1 ou de BFM, aussi nous avons selectionné de manière tout à fait arbitraire des tronçons de l'intervention de notre Président... On vous encourage donc à juger par vous même, en regardant l'interview en replay... Enjoy, comme on dit ! 

 



12/04/2018
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